Le saviez-vous : le gouvernement français à sa propre stratégie ‘bas-carbone’ pour faire face aux dérèglements climatiques.
Elle s’appelle la SNBC, la Stratégie Nationale Bas Carbone, et doit se penser conjointement avec les outils d’aménagement du territoire comme le PCAET, le CRTE, etc.
Les effets du dérèglement climatique se font de plus en plus ressentir et les prévisions pour les années à venir ne sont pas très optimistes !
Alors pour lutter contre le changement climatique, la France a fixé une série d’objectifs.
Pour les atteindre, le gouvernement met en place la Stratégie Nationale Bas-Carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Je suis Liv GEYER, directrice de l’école Blue Eco Formations, et je vais vous partager dans cet article 3 outils qui s’offrent à nous pour tenter de respecter les objectifs de diminution des émissions de GES :
- le Bilan d’émissions GES (ou BEGES) : un outil de calcul des émissions GES d’une organisation ou d’un territoire (étudié dans nos cours – c’est celui que nous allons vous présenter dans cet article). Il est en lien avec la norme ISO 14064, que vous pouvez découvrir dans cet autre article.
- le Bilan Carbone® : un autre outil de calcul des émissions GES.
- le Quanti GES : un outil permettant de suivre et de mettre en place des actions de réduction de GES. Voici 2 vidéos présentant cet outil : vidéo 1 et vidéo 2.
Comment mettre en place un Bilan d’émissions de GES et quelle est la différence avec un Bilan Carbone ?
C’est ce que je vous invite à découvrir tout au long de cet article.
Je vous présenterai les 6 grandes étapes d’un Bilan d’émissions GES et je vous démontrerai en quoi le Bilan d’émissions GES est un outil essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique !
1) Qu’est-ce que la SNBC ?
Adoptée par le gouvernement une première fois en 2015, elle est de nouveau votée en 2018.
Par définition, “La Stratégie Nationale Bas-Carbone définit la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050.”
Elle se traduit par un objectif décliné par secteurs d’activité et par gaz à effet de serre.
Elle a deux ambitions : atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et réduire l’empreinte carbone de la consommation des Français.
Les décideurs publics, à l’échelle nationale comme territoriale, doivent la prendre en compte.
Alors à qui est-elle destinée ?
Aux entreprises et aux territoires pour favoriser les transitions, les reconversions professionnelles et le développement des emplois de demain.
Pour une entreprise, le principe de neutralité carbone consiste avant tout à réduire au maximum la source de ses émissions de GES -Gaz à Effet de Serre (en réduisant ses déplacements, sa consommation d’énergie, en s’approvisionnant en énergie verte…).
Mais pour mettre en place des stratégies visant à diminuer les émissions de GES, rappelons rapidement ce que c’est. 🤔
2) On fait le point sur les gaz à effet de serre
Faisons rapidement le point sur un gaz à effet de serre.
Il en existe plusieurs. Le CO2 est la référence de base.
Chaque gaz a son propre Pouvoir de Réchauffement Global (PRG).
On utilise alors des coefficients pour les utiliser dans les calculs d’émissions de GES qu’on exprime en CO2eq.
‘eq’ pour ‘équivalent’.
Voici les gaz et leur coefficient respectif :
- dioxyde de carbone (CO2) : 1
- méthane (CH4) : 21
- protoxyde d’azote (N2O) : 310
- hydrofluorocarbones (HFC) : environ 1700
- hydrocarbures perfluorés (PFC) : environ 7400
- hexafluorure de soufre (SF6) : 23900.
Alors, on constate rapidement que l’hexafluorure de soufre est le plus polluant du groupe, soit 23 900 fois plus dangereux pour le dérèglement climatique que le CO2.
Autre exemple, l’émission d’une tonne de méthane équivaut à 21 tonnes équivalent CO2.
De plus, toutes les émissions sont calculées pour savoir quels sont les secteurs les plus impactants. On dirigera les actions de réduction en priorité sur ceux-là.
Ok, cela semble simple : on prend toutes les émissions dans un petit tableau Excel et c’est OK ? 😬
SI SEULEMENT ! Mais ce n’est pas tout à fait ça…
On réalise un document qui s’appelle le BEGES.
3) Qu’est-ce qu’un BEGES ?
C’est un Bilan d’Émission de Gaz à Effet de Serre (BEGES). Son objectif est de calculer les émissions carbone d’un établissement et de faire un bilan accompagné d’un plan d’actions qui permet de limiter ces émissions.
Il est obligatoire pour certains, et volontaire pour d’autres.
C’est obligatoire pour :
- les entreprises de 500+ salariés (ou 250+ salariés dans les DOM)
- les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants
- les établissements publics et services d’État de plus de 250 agents.
Il doit être fait tous les 3 ans et rendu public, sous peine d’une amende.
4) Comment réaliser un BEGES ?
Pour réaliser ce bilan, il faut suivre ces 6 étapes :
- Préparer (rassembler l’équipe, définir les périmètres de l’étude..)
- Collecter (collecter les données.. et les bonnes !)
- Calculer
- Présenter
- Planifier (planifier les actions à mettre en place pour diminuer les émissions)
- Diffuser (au grand public, aux acteurs concernés)
En général, il y a 2 étapes sur lesquelles on passe beaucoup plus de temps.
D’abord, il y a l’étape de collecte des données qui est répartie en 3 catégories :
- Les émissions directes produites par les sources, fixes et mobiles : SCOPE 1
- Les émissions indirectes : SCOPE 2
- Les autres émissions indirectes : SCOPE 3.
Les scopes sont des périmètres au sein desquels vous allez comptabiliser les GES. Nous en parlons un peu plus loin.
Ensuite, la deuxième étape qui demande le plus de ressources, c’est la planification. Elle consiste à créer un plan d’action afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ce plan d’action présente, pour chaque catégorie d’émissions, les actions que l’entreprise envisage de mettre en œuvre au cours des trois années suivant l’établissement du bilan.
Pour cela, elle indique le volume global des réductions d’émissions de gaz à effet de serre attendu pour le prochain bilan d’émissions GES.
Puis, les articles L.229-25 et R.229-47 imposent la réalisation d’une synthèse de ces actions, à joindre au bilan (à noter que les collectivités territoriales et leurs groupements qui ont adopté un plan climat-énergie territorial sont dispensés de cette synthèse).
Vous comprenez donc qu’il va vous falloir calculer les réductions des émissions GES attendues. Mais on ne se lance pas dans ces calculs au hasard ! 😇
En effet, pour réaliser le BEGES, il faut prendre en compte obligatoirement le Scope 1 et le Scope 2.
Le Scope 3, quant à lui, est facultatif dans le BEGES, ce qui n’est pas le cas de tous les types de bilans.
Par exemple, peut-être avez-vous déjà entendu parler d’un autre type de bilan : le Bilan-Carbone® de l’ADEME ?
Quelle est la différence avec le BEGES ?
La différence entre le BEGES et le Bilan Carbone® réside dans la définition du périmètre de comptabilisation des émissions.
Le bilan GES considère le Scope 3 comme facultatif alors que le Bilan Carbone® l’intègre dans ses calculs.
Si vous le désirez, vous pouvez jeter un œil sur les derniers GEGES des grandes entreprises ou des collectivités sur le site de l’ADEME. Vous pouvez aussi vous renseigner directement sur leur bilan en cherchant le nom de l’entreprise que vous souhaitez mieux connaître.
Par exemple, voici le BEGES de Monsanto de 2018 (disponible aussi ici). Cette entreprise américaine est spécialisée dans la chimie et la biotechnologie pour le secteur agricole.
5) Trouver et collecter les données des émissions GES
Que vous utilisiez le BEGES ou le Bilan-Carbone®, vous avez besoin de savoir combien de GES sont émis par tel ou tel produit/service.
Heureusement, plusieurs organismes (dont l’ADEME) mesurent, compilent et enregistrent ces données.
Ainsi, il existe une base de données en ligne gratuite qui permet de savoir quelles sont les émissions de certains types de transport, d’énergie, de produits, etc. C’est la Base Carbone ® de l’ADEME, et elle est assez complète, en plus d’être mise à jour régulièrement. Vous y retrouvez justement nos fameux SCOPE qui permettent de catégoriser les émissions.
Pour vous consulter cette base, il faut vous rendre ici sur le site de l’ADEME et créer un compte. C’est gratuit.
Vous pourrez ainsi récupérer les données des émissions par produits, services, ou encore procédés, et ainsi réaliser votre bilan.
Cependant, dans certains cas, il peut paraitre judicieux de créer ses propres bases de données d’émissions GES, votre propre base carbone. En effet, si votre BEGES récolte des données mesurées directement sur les activités de l’entreprise concernée (et non issues d’une base de données générique comme celle de l’ADEME présentée ci-dessus), il sera ainsi plus juste, plus proche de la réalité.
Voici justement une vidéo de l’association Bilan Carbone expliquant comment créer sa propre base carbone :
Bilan carbone et Analyse du Cycle de Vie (ACV)
Réaliser un bilan de ses émissions GES est donc un outil est indispensable pour réduire considérablement nos émissions et vous êtes la clé pour planifier de tels changements en interne.
À noter qu’il existe plusieurs outils et jeux pour évaluer ses émissions GES à l’échelle individuelle, je vous invite à les essayer et à les partager :
– Pour l’évaluation de nos gestes au quotidien : https://nosgestesclimat.fr/simulateur/bilan et un jeu de cartes à imprimer : La Revolt.
– L’outil » Carbonalyser » présenté par le The Shift Project est également intéressant pour mesurer les émissions de notre navigation numérique à travers le web.
Un dernier point : les bilans carbone sont intrinsèquement liés à l’outil d’Analyse du Cycle de Vie des produits (ACV). En effet, en ACV, nous analysons les impacts environnementaux des produits de leur création à leur destruction, soit tout au long de leur vie. Et dans les impacts environnementaux étudiés, il y a bien entendu le réchauffement climatique, où les émissions GES sont importantes à analyser.
Ainsi, savoir réaliser un bilan carbone peut être utile pour réaliser un ACV, et l’inverse aussi.
Vous trouverez plus de détails dans notre article sur l’ACV juste ici, ainsi que dans nos mastères.