Vous êtes vous déjà demandé comment était géré le parc de votre ville ? Ou encore la forêt et la réserve naturelle non loin de chez vous ?
Ces types d’espaces se nomment des Espaces Naturels Protégés (ENP) (ou bien aires protégées par l’UICN, encore des aires naturelles) et ils ont une grande diversité de types. Vous pouvez découvrir les types d’ENP français dans la liste de GéoPortail (cet article vous explique son utilisation). Dans tous les cas, sachez que ces ENP sont gérés.
Cette information est aujourd’hui peu connue du grand public, pourtant il existe bien une gestion décidée par les différentes parties prenantes de ces ENP. Et le détail de cette gestion est indiquée dans un document précis : le Plan de Gestion (PG).
Le souci, c’est qu’il n’existe pas un seul plan de gestion identique d’un ENP à l’autre. En effet, il y a tellement de types d’ENP différent qu’il est impossible de penser une gestion commune à tous. D’où l’importance de s’intéresser au plan de gestion de chaque ENP.
Nous allons donc voir dans cet article ce qu’est exactement un plan de gestion, ainsi qu’une méthodologie pour les créer ou les améliorer.
La classification des Espaces Naturels Protégés (ENP).
Comme indiqué précédemment, il existe en France un grand nombre de types d’ENP (géographiquement visible sur GéoPortail) : Parcs Nationaux, Réserves Naturelles Nationales, Régionales ou Départementales (RNN, RNR, RND), zones Natura 2 000, Réserves Biologiques domaniales (RB), Réserves Nationales de Chasse et de Faune Sauvage (RNCFS), Arrêtés Préfectoraux de Protection des Biotopes (APPB), les espaces du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres (CELRL), etc.
Qui décide et gère cette classification ?
C’est ici que ça se complique. En effet, chaque pays tient sa propre classification, mais il existe aussi une classification internationale, celle de l’UICN. Ce dernier a en effet créé un standard de 6 catégories d’ENP (aussi appelés aires protégées par l’UICN). Voici le guide pratique de l’UICN pour découvrir le standard des 6 catégories, leur définition, fonctionnement et gouvernance (disponible aussi ici).
Ainsi, un ENP peut être classé selon le pays où elle se trouve, et en même temps suivre le standard de l’UICN. Il est d’ailleurs compliqué de faire des correspondances entre chaque statut de protection français et la classification UICN. En effet, si un pays (comme la France) a des critères différents de celui du standard de l’UICN, alors ses ENP auront des statuts qui ne correspondent pas aux catégories UICN.
Bref, répondre à la question de « qui gère cette classification » peut paraitre compliqué (chaque pays a sa propre classification et l’UICN a un standard international) donc retenez le plus important : dans tous les cas, il appartient au responsable de l’espace naturel de faire les démarches nécessaires pour le classer, s’il le souhaite.
Pour y voir un peu plus clair, voici une page de l’UVED qui éclaircit ces derniers points (disponible aussi ici).
Qui peut créer un Espace Naturel Protégé ?
Ils sont créés (sur un territoire terrestre ou marin géographiquement délimité) par un acte administratif : décret, arrêté, décision, convention, loi, traité internationnal…
Ce qui signifie que plusieurs entités (privées ou publiques, nationales comme internationales) peuvent être à l’origine de leur création.
La liste des Espaces Naturels Protégés en France.
La liste des types d’ENP est visible sur GéoPortail depuis cet article, et la vidéo ci-dessous vous montre comment y accéder :
Si vous souhaitez travailler dans l’une de ces entités, sachez que leurs statuts peuvent se cumuler. Par exemple, un Parc National peut se trouver (géographiquement parlant) dans une Réserve Biologique plus grande que ce parc. Cette Réserve Biologique possède donc à la fois le statut de Réserve Biologique, mais également celui de Parc National.
Et comme chaque ENP a ses propres règles de gestion interne, nous sommes vite confrontés à un mille-feuille administratif interminable. Au début, cela donne un peu le vertige. Tant de lois, de programmes et d’acteurs différents !
Mais la France a créé une multitude de statuts pour pouvoir s’adapter à chaque situation, et cette diversité de statuts attribués à la protection des ENP a des avantages :
- Chaque milieu a un type de gestion qui lui ait adapté : par exemple, les Parcs accueillent des activités touristiques et économiques, tandis que les Cœurs de Parcs sont réservés à la recherche et inaccessible au public.
- Chacun travaille dans son domaine respectif.
- Une fois qu’une mesure de protection est bien établie, on ne revient plus en arrière sur la protection du site. On est ainsi assuré qu’il le restera.
Par contre, cela comporte un certain nombre de défauts :
- La diversité des procédures administratives allonge les démarches amélioratives de la gestion des ENP.
- En cas de superposition de statuts sur un même territoire : un manque de lisibilité, et tout particulièrement un défaut de mutualisation et de synergie dans la gestion de ces espaces.
Pour aller plus loin, les ENP sont étudiés dans le module Gestion et politique de protection des Espaces Naturels Protégées, en 3ème année du Bachelor Éco-Manager, et dans le Mastère Ingénierie Écologique, option Gestion et Restauration des Écosystèmes).
Comment le Plan de Gestion permet de gérer un Espace Naturel Protégé ?
Un Plan de Gestion (PG) est donc un document officiel qui permet de gérer un (ENP) de façon cyclique. Il est en général renouvelé tous les 5 ans, et permet d’améliorer au fil du temps la gestion de l’ENP en question.
Il permet de fixer des objectifs de gestion à longs termes et à moyens termes.
Quand on parle de gestion, il est question d’actions très concrètes à mettre en place sur la zone naturelle. Que ce soit de la fauche pour maintenir une prairie, des plantations pour restaurer un espace forestier, des travaux de restauration de zone humide, des aménagements pour le public etc…
Ce qu’il faut retenir c’est que, le rôle d’un gestionnaire est de choisir la méthode la mieux adaptée dans chaque recoin de son ENP.
Par exemple, le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire est le gestionnaire de plus de 110 sites et 3 500 hectares. Chaque année, il met en place des actions pour les entretenir comme du débroussaillage, du pâturage, des chantiers de bénévoles…
Ils prennent en compte la faune et la flore remarquable et adaptent leurs pratiques en fonction. Le but étant de prendre les décisions aillant le plus d’impacts positifs sur la biodiversité. Pour vous donner un exemple concret, lorsque le milieu s’embroussaillait à cause de la colonisation de genévriers, ils ont mis en place des actions de coupes et d’arrachage de cet arbuste pour « ouvrir » le site et laisser place à la prairie. Ces actions ont favorisé le retour d’orchidées rares et d’insectes sur le milieu.
Vous pouvez rechercher des exemples de PG sur internet. Par exemple, vous pouvez lire celui de la Réserve Naturelle des Près Salés d’Arès et de Lège, (disponible aussi ici) qui s’est terminé en 2020. Il est donc en train d’être réécrit, renouvelé. D’ailleurs, pour ce faire, la réserve naturelle est certainement en train de réaliser une démarche de diagnostic écologique à l’aide d’inventaires, puisque le renouvellement ou l’amélioration d’un PG passe par cette démarche.
Comme nous l’avons vu précédemment, la pluralité des ENP ne permettent pas facilement d’améliorer la gestion sur les sites.
Alors comment faire pour mettre à jour un plan de gestion de façon à bénéficier de l’expérience des autres ENP ?
Comment créer ou améliorer un Plan de Gestion ?
La réponse la plus simple consisterait à dire qu’il faut s’inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs. Mais cette réponse plus ou moins évidente n’est pas si facile à mettre en œuvre, surtout quand il y a une multitude de types d’ENP existants.
Ainsi, l’OFB et ses équipes compétentes ont pris une initiative pour créer un standard permettant d’élaborer un Plan de Gestion commun à tous, malgré le fait que nous ne gérons pas les mêmes types d’espaces.
Le document élaboré s’appelle le « Guide d’élaboration des plans de gestion des espaces naturels », et permet à la fois d’élaborer un PG et de s’utiliser aussi dans un processus de révision. Pour le découvrir, cliquez ici (disponible aussi ici).
Pour chaque étape du PG, il détaille les sous-étapes, les acteurs et les documents à fournir.
Ce guide est un véritable standard permettant à chaque gestionnaire de parler le même langage et de partager une stratégie commune.
Le partage de connaissances et d’amélioration est donc favorisé. De ce fait, les bonnes pratiques écologiques peuvent circuler plus rapidement et être adoptées, toujours dans une démarche d’amélioration continue.
Ce document est donc un outil essentiel pour la protection du vivant, ainsi que dans votre formation aux métiers de l’environnement !
Et si un Plan de Gestion existe déjà comment savoir s’il est efficace ? Comment l’évaluer. Voyons cela tout de suite.
Comment évaluer un Plan de Gestion ?
Dans vos prochaines missions, il est possible que l’on vous demande d’évaluer un plan de gestion existant. En effet, un plan de gestion doit contenir des éléments clés, comme ses objectifs, ses enjeux, son évolution, etc.
Comme vous pouvez l’imaginer, cette évaluation n’est pas évidente. C’est pourquoi nous avons créé un outil permettant de réaliser un audit rapide d’un plan de gestion existant. Cet outil comporte les étapes et les éléments les plus importants pour identifier rapidement ce qu’il manque, et ainsi comment améliorer le plan de gestion.
Cet outil est nécessaire et utilisé par la plupart des métiers en rapport (de près ou de loin) avec un plan de gestion, à savoir :
- Technicien en environnement : travaille à la protection et à la gestion des milieux naturels dans les services publics locaux.
- Chargé de mission écologie et développement durable : conçoit et met en œuvre des projets en matière d’environnement et de développement durable en collaboration avec les services publics locaux.
- Chef de service espace naturel : supervise l’entretien, la protection et la gestion des espaces naturels protégés au sein des mairies.
- Responsable de la biodiversité : s’occupe de la protection de la biodiversité en mettant en œuvre des plans de gestion et des programmes de conservation dans les services publics locaux.
- Responsable de la communication et de l’animation : s’occupe de tout ce qui concerne l’information au public, et les événements/ateliers déployés grâce à l’ENP.
Vous trouverez cet outil en 3ème année du Bachelor Éco-Manager, dans notre mastère Ingénierie Écologique option Gestion et Restauration des Écosystèmes, et aussi dans notre formation courte » Audit de gestion des Espaces Naturels « .