L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est un domaine important à considérer pour concevoir un produit/service respectueux de l’environnement.
Tel un protocole à suivre, c’est donc un outil permettant de prendre de meilleures décisions environnementales.
Pratiquer l’ACV et ses différentes étapes permet de mettre en lumière les impacts (comme les Gaz à Effet de Serre (GES) par exemple) générés par les produits, les services et les procédés, grâce à des simulations, des modélisations, pour ensuite mieux les évaluer et ainsi prendre des décisions.
Par exemple, en industrie, les décisions sont liées aux choix de conception et d’amélioration de produits, choix de procédés, etc.
Tandis que pour les politiques publiques, les décisions concernant plutôt des choix de filières de valorisation, critères d’écolabellisation des produits, etc.
Forcément, vous vous doutez bien que les données à récolter sont nombreuses pour parvenir à de telles simulations : choix des matières, prise en compte des émissions de carbone de la conception au recyclage, en passant par le transport, etc.
Ce domaine est donc complexe, vaste, et de multiples sources existent, ce qui rend sa compréhension d’autant plus difficile.
Ainsi, pour vous l’expliquer de manière simple, Blue Eco Formations vous propose cet article regroupant les outils et meilleurs sites internet abordant ce sujet.
Qu’est-ce que l’ACV ?
Définition de l’Analyse du Cycle de Vie
Pour aborder ce vaste domaine, il vaut mieux commencer par une explication simple et imagée vous permettant de situer ce dont nous sommes en train de parler. Voici justement une vidéo ludique de l’ADEME (L’Agence de la transition écologique – anciennement l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise en Énergie) :
Vous l’aurez compris, l’ACV ne concerne donc pas que nos smartphones, mais bel et bien tous les produits de notre quotidien.
NB : pour mieux comprendre les explications qui vont suivre, voici un petit lexique des termes les plus importants en ACV. N’hésitez pas à revenir vers ce dernier au fur et à mesure de votre lecture :
Lexique des termes et vocabulaire de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV)
- ACV : Analyse du Cycle de Vie (ACV), ou Life Cycle Assessment (LCA) en anglais. Voici une définition de l’ACV disponible sur le site de l’ADEME.
- Les processus : concerne toutes les actions et activités nécessaires à la création et l’utilisation d’un produit. Par exemple, les processus de production d’énergie, de produits (chimiques, agroalimentaires, métalliques, etc.), de transport, de traitement de déchets, etc.
- L’unité fonctionnelle :
C’est une définition de paramètres décrivant les services rendus par le produit, qualitativement et quantitativement. Imaginons par exemple que vous deviez peindre un mur. Pour votre choix de peinture, vous allez certainement vous intéresser aux paramètres suivants : combien de litres de peinture sont nécessaires ? Combien de temps va-t-elle durer ? Ici, l’unité fonctionnelle du produit « peinture » est donc définie par des paramètres de temps, durée, et de litres. Pour comparer les produits, il faudra bien entendu garder ces mêmes paramètres, qui sont appelées « unité ou flux de référence ». - L’unité ou le flux de référence : il s’agit de la mesure de référence choisie pour comparer les produits entre eux, et sur une même base.
- Les entrants et les sortants (aussi appelés flux entrants ou flux sortants / Input – Output en anglais) :
Concernant les entrants, il est question de toutes les quantités de matières et processus nécessaires pour construire, concevoir le produit : les flux de produit et les flux d’énergie. Par exemple, dans un yaourt, il s’agit aussi bien du lait animal (matière) que des étapes d’élevage (nourriture, abris, traitement des animaux), et des énergies nécessaires à la cuisson et transport du yaourt (processus). Ces processus doivent prendre en compte toutes les matières et énergies afin de déterminer avec exactitude toutes les sources de pollution.
Concernant les sortants, il est question de toutes les substances dégagées tout au long du cycle de vie du produit et impactant l’environnement. Dans notre exemple de yaourt, il peut donc s’agir des pesticides utilisés dans l’alimentation des vaches, tout comme les émissions dégagées par les énergies nécessaires au fonctionnement des machines utilisées pour la cuisson du yaourt, ou pour son transport.
Toutes ces données doivent se quantifier (il existe heureusement des bases de données déjà faites et exploitables grâce à un logiciel d’ACV) afin de pouvoir réaliser votre ACV.
La technosphère est d’ailleurs un grand schéma représentant l’ensemble des flux entrants et sortants d’un produit/procédés. - Logiciel d’ACV :
Un logiciel d’ACV est nécessaire pour appliquer l’outil ACV. En effet, pour pouvoir évaluer les pollutions émises par un produit tout au long de son cycle de vie, vous avez besoin de beaucoup de données (comme indiqué plus haut dans les entrants/sortants). Reprenons notre exemple du yaourt : vous devez connaitre les GES (entre autres polluants) qui sont émis lors de la fabrication du yaourt, mais également tout au long de l’élevage des vaches, puisqu’elles vous fournissent la matière 1ère : le lait.
Ces données peuvent être difficiles à mesurer, surtout si vous le faites vous-mêmes. C’est donc là qu’intervient un logiciel d’ACV.
En effet, un tel logiciel comporte déjà ces données (certaines sont mise à jour régulièrement) et vous permettent ainsi de procéder à votre évaluation.
Dans cet article, nous verrons le logiciel d’ACV OpenLCA qui est libre et gratuit. - Risque de transferts d’impacts :
Lorsque l’on ne réalise pas d’ACV (ou d’une mauvaise manière), on prend le risque de manquer certains impacts, et donc de ne pas les prendre en compte.
Prenons l’étude de cas des voitures roulant au diesel. Il y a quelques années, le gouvernement incitait les citoyens français à rouler avec des voitures diesel car ces véhicules émettent moins de carbone que ceux roulant à l’essence. Le gouvernement s’intéressait alors uniquement à un seul impact : le carbone.
Mais le gouvernement a fait marche arrière quand il a commencé à s’intéresser aussi à l’impact sur la santé. En effet, le diesel émet encore plus de particules fines (des particules problématiques pour la pureté de l’air) que l’essence, ce dernier élément est donc moins nocif pour notre respiration.
Mais le mal avait déjà été fait : en 2016, les véhicules diesel étaient toujours plus nombreux que les véhicules à essence. Plusieurs villes ont dépassé le seuil critique de pollution de l’air provoqué par les particules fines.
Dans cette étude de cas, il y a donc eu un transfert d’impacts du carbone vers les particules fines : en ne prenant en compte qu’un seul impact, nous avons pris des décisions qui ont aggravé un autre impact.
Ne vous inquiétez pas si cela vous semble flou dans un 1er temps, ces notions sont expliquées dans les prochaines vidéos, et vous pourrez revenir sur ce lexique autant de fois que nécessaire.
À quoi sert l’ACV ?
Comme indiqué en introduction, cet outil sert à prendre des décisions pour améliorer l’impact environnemental du produit à tous les stades de son cycle de vie (présentés dans la vidéo précédente). Pour certains produits, il y aussi une amélioration des impacts sociaux et économiques.
Restons dans les explications imagées pour répondre à cette question : voici une autre vidéo ludique réalisée par Elsa Pact et présentant l’utilité de l’ACV :
Intéressant n’est-ce pas ? En appliquant l’ACV, une entreprise peut ainsi s’améliorer sur de multiples aspects, et même sur sa communication en partageant au grand public les résultats de ses améliorations (nous verrons d’ailleurs le thème de la communication environnementale un peu plus loin).
Mais attention à ne pas tomber dans le greenwashing (ou écoblanchiment – c’est lorsque l’on se donne une image trompeuse de responsabilité écologique).
Justement, pour éviter que les entreprises utilisent l’ACV d’une mauvaise manière et affichent des résultats douteux, il faut appliquer l’ACV selon des normes précises : les normalisations internationales ISO 14040 et 14044:2006. Disponibles sur le site officiel, ces normes sont complexes, mais nous allons voir comment les appliquer.
L’ACV est donc un outil normé et reconnu à l’international, ce qui permet aux nombreux praticiens d’appliquer toutes ses étapes en suivant un protocole précis. Voyons cela tout de suite.
Méthodologie et étapes de l’ACV : application des normes ISO 14040 et 14044
Avez-vous bien visionné les vidéos ludiques précédentes en guise d’entrée en matière de l’ACV ? Nous pouvons donc passer à une définition plus complexe.
Dans la vidéo suivante (réalisée par Citeo et la Chaire Recyclage de l’Alliance science & business de l’École Centrale de Lyon et l’EMLYON business school), vous allez voir les différentes étapes d’application de l’ACV, suivant la norme ISO 14044, indiquant ainsi une méthodologie commune :
Les 4 étapes de l’ACV
Ainsi, vous remarquez que la norme indique les 4 étapes suivantes pour appliquer l’ACV :
- 1. Définition des objectifs et du champ de l’étude : correspond aux questions « pourquoi, pour qui, de quelle manière ».
Retenez que dans cette étape, on s’intéresse à la fonction du produit. C’est-à-dire aux services rendus au consommateur (perçus ou non perçus par ce dernier) et non au produit en lui-même. Ceci est expliqué dans l’exemple de la voiture, à 1m53s de la vidéo. Cela fait référence à ce que l’on appelle l’unité fonctionnelle. - 2. Analyse de l’inventaire : correspond aux questions « quoi, combien ».
Il s’agit de collecter toutes les matières et processus nécessaires à la fabrication du produit (recette, transformation, construction, etc.).
Il faut ainsi collecter une multitude d’informations permettant d’expliquer comment le produit est conçu et avec quelle quantité de matière. Mais on ne s’arrête pas là, on collecte également les pollutions dégagées par la construction de ce produit (émissions de CO2, de substances chimiques, etc.).
On parle donc d’analyse et de chiffrage des « entrants » (les matériaux et processus utilisés pour construire un produit) et des « sortants » (substances dégagées par la création de ce produit).
C’est donc une phase essentielle de collecte des données qui nous servira ensuite à évaluer l’impact environnemental. Heureusement, plusieurs organismes (dont l’ADEME) mesurent et enregistrent ces données sous formes de base de données qu’il est ensuite possible d’exploiter dans un logiciel d’ACV (comme par exemple OpenLCA que nous allons voir plus loin) afin de pouvoir modéliser des résultats. - 3. Évaluation de l’impact : correspond aux questions « comment, où ».
Il s’agit de déterminer les impacts du produit sur l’environnement et ceci à tous les stades du cycle de vie du produit. Ce travail est réalisé grâce aux données obtenues dans l’étape précédente. Lorsque l’on parle d’évaluation des impacts (comme indiqué à titre d’exemple à 5m15s de la vidéo), on se réfère généralement à une liste d’impacts sur :- le changement climatique (quelle quantité de GES, comme le CO2 entre autres, sont émis pour fabriquer le produit ?),
- la pollution photochimique, responsable du phénomène appelé smog (signifiant ‘brouillard, fumée’ en anglais),
- l’épuisement des ressources non renouvelables (jusqu’à quel point le produit contribue à épuiser les ressources non renouvelables ?),
- la consommation d’eau et son eutrophisation,
- l’acidification de l’atmosphère.
- etc.
Ces critères d’impacts sont ceux que l’on évalue le plus couramment, mais ce ne sont pas les seuls. Vous verrez dans la vidéo suivante qu’il en existe d’autres et que ces impacts sont catégorisés.
- 4. Interprétation des résultats : correspond aux questions « de combien, d’où ».
Par exemple, de combien le produit dépasse les limites d’émissions CO2 ? Et d’où provient sa plus grande production de CO2, de quelle étape de son cycle de vie, quel processus ?).
Dans cette étape, nous faisons donc le bilan des entrants et des sortants du produit, en indiquant les postes les plus impactants pour aider à la prise de décision.
Attention, l’outil d’ACV est une méthode de calculs des impacts environnementaux, l’outil n’est pas fait pour prendre des décisions à votre place.
Vous avez compris globalement le fonctionnement des 4 étapes ?
Quoi de mieux qu’un cas concret pour comprendre leur application !
Application approfondie des étapes de l’ACV
Nous allons donc passer à une vidéo plus conséquente mais très pédagogique, puisqu’elle reprend la théorie que vous venez de voir et l’applique à un cas concret : pour stocker l’énergie, quelle solution a le moins d’impact pour l’environnement : créer plusieurs petites batteries ou bien une seule grande batterie ?
C’est ce que Ben Amor, professeur agrégé au département de génie civil et génie du bâtiment de l’Université de Sherbrooke (UdeS) nous présente dans la vidéo ci-dessous. Il va appliquer l’outil ACV et ses 4 étapes pour répondre à la problématique pré-citée.
Pour vous aider à mieux appréhender cette vidéo conséquente, voici les différents points devant retenir votre attention :
- à 9m37s : un autre exemple d’application de l’ACV est présenté pour montrer l’importance du flux de référence.
- à 20m40s : une définition détaillée de l’ACV.
- à 22m46s : les critères d’impacts sont plus détaillés. Vous voyez que cette liste d’impact est plus importante que la vidéo précédente, et qu’elles sont catégorisées en fonction des sortants favorisant ces impacts, mais aussi en fonction du type de dommages causés (par exemple, vous voyez que la pollution photochimique entraine des dommages sur la santé humaine.
- à 24:02 : les normes évoquées dans la vidéo précédente sont décrites.
- à 26m00s : étude d’un cas concret de l’application de l’ACV, avec ses étapes, concernant notre problématique pré-citée sur le stockage d’énergie.
- à 41m40s : les 3 domaines d’application de la Pensée Cycle de Vie (PCV). Le point 1 parle d’utiliser l’outil ACV pour améliorer la règlementation en faveur de l’environnement ou obtenir des labels, le point 2 pour améliorer l’efficacité énergétique, et le point 3 fait référence à l’éco-conception, que nous détaillerons plus loin. Bien entendu, il y a d’autres domaines d’application de l’ACV, mais vous voyez ici les principaux.
- à 46m35s : les avantages et faiblesses de l’outil. Nous attirons votre attention sur la faiblesse concernant les bases de données de référence. En effet, si vous basez votre étude sur des chiffres qui sont mauvais (par exemple le produit émet moins de CO2 que prévu, la mesure est mal réalisée) cela fausse toute l’analyse. Et donc potentiellement la décision finale.
Grâce à cette vidéo vous expliquant concrètement l’application des 4 étapes de l’ACV, vous disposez maintenant d’une bonne base théorique pour situer l’ACV et son utilité.
Et par la suite, nous irons encore plus loin en vous permettant de réaliser directement l’étape 2 et 3 grâce à l’utilisation d’un logiciel d’ACV (openLCA) qui vous donnera automatiquement les entrants et les sortants (grâce aux bases de données déjà disponibles).
Mais avant d’aborder cela, nous allons voir les applications qui sont étroitement liées à l’ACV, comme l’éco-conception et la communication environnementale.
ACV et Éco-conception
L’ACV est particulièrement utile lorsque vous souhaitez créer un produit ayant le moins d’impact environnemental possible. En effet, en utilisant l’ACV en amont, vous pourrez modéliser et simuler les entrants et les sortants du cycle de vie de votre produit. Vous serez donc au fait de ses impacts potentiels avant de le créer véritablement (et à condition que vos bases de données soient conformes à la réalité).
L’ACV est donc un outil au service de l’éco-conception. Il est pertinent dans la conception de produit, c’est pourquoi ces 2 domaines sont souvent liés. L’une des meilleures sources ayant réalisé des études approfondies sur ce sujet est le site éco-conception.fr.
Leur vidéo résume le lien entre l’ACV et l’éco-conception. Vous remarquerez d’ailleurs à 0m25s notre fameux cycle de vie du produit avec une liste d’impacts : deux éléments de l’ACV déjà abordés précédemment.
Dans cet article, nous n’irons pas plus loin dans le lien entre l’ACV et l’éco-conception car ce site internet éco-conception.fr l’explique de manière efficace. Prendre connaissance des contenus de ce site vous aidera à aborder la notion d’éco-conception. D’ailleurs, nous vous conseillons de porter votre attention sur la section parlant de la démarche d’éco-conception en 6 étapes, qui est directement basée sur les étapes de l’ACV.
Et pour aller plus loin, la vidéo suivante de Samuel Mayer, directeur du Pôle Eco-conception, présente de manière complète l’éco-conception sur la chaine Youtube Refashion. Refashion propose d’ailleurs en fin de vidéo un outil très intéressant, Ecodesign, permettant d’appliquer l’ACV et l’éco-conception au secteur du textile :
Quoi qu’il en soit, cette démarche permet de résoudre efficacement le problème du recyclage. En effet, étant donné que le recyclage est compliqué et parfois polluant, il est préférable de concevoir directement des produits qui peuvent se réutiliser, ou bien qui se recycle facilement, tout ceci afin d’éviter de produire plus de déchets.
D’ailleurs, voici un schéma de Actu-environnement.com indiquant la provenance des déchets en France.
ACV et communication environnementale : label, déclaration, affichage.
L’ACV peut également être utilisée comme un support de communication par les entreprises (la 2ème vidéo de cet article aborde ce sujet).
On parle alors de déclarations environnementales. En effet, une entreprise peut déclarer et communiquer ses performances environnementales selon 3 types de déclarations devant suivre la norme principale ISO 14020. Nous vous proposons de découvrir ces 3 types dans cette courte vidéo du site eco-conception.fr expliquant rapidement la communication environnementale :
Voyons maintenant ces 3 types plus en détails :
- Type 1 : les labels officiels (dont Ecolabel). Toutes entreprises ayant acquis ces labels officiels peuvent en faire la communication selon norme ISO 14024.
- Type 2 : les entreprises peuvent déclarer elles-mêmes (on parle donc d’auto-déclaration) leurs performances environnementales si elles sont basées sur des faits et des actions concrètes améliorant la conception du produit (on communique donc sur les ‘entrants’) et selon la norme ISO 14021. Il n’y a pas de vérification de cette auto-déclaration par une tierce partie.
Voici quelques exemples d’actions permettant d’agir sur les entrants : ne pas utiliser de pesticides, choisir des matières premières labellisées bio, prendre des fournisseurs locaux et éco-responsables, etc.
Cliquez ici pour voir une communication d’une grande entreprise qui aide ses fournisseurs à entreprendre une transition vers l’agriculture biologique, où des mesures concrètes sont présentées. Il s’agit donc d’une déclaration agissant sur les entrants (donc une déclaration de type 2). - Type 3 : il s’agit aussi d’une auto-déclaration, mais qui concerne cette fois-ci les ‘sortants’. En effet, la déclaration doit communiquer des actions permettant de réduire les impacts environnementaux tout au long du cycle de vie du produit. Il faut en conséquence réaliser une ACV, qui doit en plus être confirmée par une tierce partie (en général un bureau d’étude) selon la norme ISO 14025.
Voici quelques exemples d’actions sur les entrants : montrer que l’on a réduit ses émissions de GES de tel pourcentage par rapport au passé, ou encore que notre nouveau produit est moins impactant pour l’environnement que les produits déjà présents sur le marché.
Cliquez ici pour voir une communication d’une marque de voiture. Cette page montre qu’une ACV a été réalisée pour analyser l’impact environnemental de la construction d’une voiture. Il s’agit donc d’une déclaration agissant sur les sortants (donc une déclaration de type 3).
Vous savez maintenant faire la distinction entre les 3 types de déclaration. Nous vous encourageons à réaliser un exercice de recherches de communication d’entreprise afin de reconnaitre plus rapidement les types de déclaration et pouvoir les classifier. Les déclarations de types 2 sont généralement des publicités, donc plutôt facile à trouver, tandis que les déclarations de types 3 se trouvent plutôt sur des pages spécifiques du site internet de l’entreprise (vous pouvez écrire les mots « ACV » ou « Life Cycle Assessment » à côté du nom de l’entreprise pour faciliter vos recherches).
Vous pouvez même faire l’exercice de trouver une déclaration de type 3 d’une entreprise, puis de trouver une de ses publicités (donc déclaration de type 2) et les comparer afin de voir si la publicité respecte bien les chiffres indiqués dans la déclaration de type 3.
Nous terminerons cette section avec la communication environnementale dans le secteur du bâtiment. En effet, il est intéressant de noter qu’il existe dans ce domaine des déclarations obligatoires pour les équipements, appareils et produits de construction. Ces déclarations sont :
– les FDES : Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaires des produits de construction
– et PEP : Profil Environnemental Produit d’un équipement du bâtiment (électrique, électronique ou génie climatique).
Cette réglementation est également une bonne nouvelle pour l’ACV puisqu’elle exige qu’une ACV soit réalisée pour pouvoir réaliser ces déclarations.
Vous trouverez tous ces détails sur le site INIES qui est en charge de ces mesures.
Logiciel ACV et bases de données
Pratiquer l’ACV, c’est utiliser des bases de données
À ce stade, vous devriez avoir compris que dans l’application de l’ACV, il y a une étape vous demandant de décrire votre produit dans les moindres détails, à l’aide de données fiables (matières utilisées, procédés d’usinage et de fabrication, mix énergétique, etc). On parle bien sûr de l’étape n°2 : l’inventaire des flux.
Dans cette étape, vous devez être capables de comptabiliser les flux entrants/sortants sur tout le cycle de vie du produit (énergie, matériaux, déchets, polluants, etc.). Puis vous devez appliquer des méthodes de calcul capable de « convertir » votre inventaire en impacts environnementaux, selon plusieurs indicateurs d’impacts (tel que vu précédemment, comme l’eutrophisation marine, le réchauffement climatique, l’acidification des océans, etc.).
Seulement, ces calculs peuvent rapidement devenir très nombreux, et doivent s’appuyer sur des données collectées de manière fiable pour quantifier et inventorier tous vos flux entrants/sortants.
Et c’est là qu’entre en jeu un logiciel d’ACV. Il va vous permettre de gagner du temps car il va exécuter ces calculs pour vous, en plus de pouvoir se connecter à des bases de données déjà réputées pour leur fiabilité.
Et pouvoir utiliser ces bases de données représente un gain de temps. En effet, si ces bases de données n’existaient pas, vous devriez mesurer et créer par vous-mêmes ces données. Par exemple, si vous réalisez l’ACV de l’utilisation d’une voiture, vous avez besoin de savoir combien de GES sont émis. Imaginez le temps et les équipements qu’il vous faudrait déployer pour effectuer de telles mesures.
Heureusement, plusieurs organismes (dont l’ADEME) mesurent, compilent et enregistrent ces données depuis longtemps. Quoique vous cherchiez à mesurer, il est fort probable que quelqu’un l’ait déjà fait et que vos réponses se trouvent dans une base de données.
Par contre, si votre produit est réellement nouveau (et pas une énième déclinaison), il est possible que vous ne trouviez pas de données de référence. Dans ce cas, il faudra réaliser ces mesures par vous-mêmes.
Ainsi, dans la plupart des cas, les experts ACV utilisent donc des bases de données déjà existantes.
Comme par exemple la ELCD (European reference Life Cycle Database) qui est la base de données européenne (gratuite) du Joint Research Centre, ou encore EcoInvent (payante) qui vient de Suisse. Grâce à un logiciel ACV, vous avez donc accès à un grand nombre de bases de données génériques ou au contraire très spécialisées (comme USDA, axée sur l’agriculture aux Etats-Unis).
Cette autre base de données peut être intéressante si vous travaillez sur les ressources minérales. C’est un site gouvernemental américain qui a fait une analyse très complète de l’utilisation, de la consommation et des réserves de toutes les ressources minérales.
Enfin, si vous vous intéressez spécifiquement aux émissions GES, nous pouvons citer la base de données Carbone de l’ADEME disponible ici. Il vous suffit de créer un compte, c’est gratuit (au passage, voici comment réaliser un bilan carbone avec notre article).
Petit aparté si vous réalisez des Low Tech, le site Tout Calculer est une grande base de données qui pourra vous aider. Il y a d’ailleurs une étude de projet Low Tech bien documentée dans le secteur de l’habitat, si jamais vous cherchez des données dans ce domaine. Cette étude a été réalisée par le Low Tech Lab et est disponible ici.
OpenLCA : logiciel ACV
De nombreux logiciels d’ACV existent, certains sont payants (comme SimaPro, PRé Consultants, GaBi, ou PE International) car ils développent leurs propres bases données, et d’autres sont gratuits et utilisent des bases de données publiques.
Nous allons voir ici le logiciel OpenCLA car il est gratuit et suffisamment puissant pour comprendre comment réaliser cette étape d’inventaire, qui permet l’étape suivante : l’évaluation. Vous allez donc découvrir en 1er lieu comment télécharger OpenLCA, puis dans un second temps comment télécharger et installer la base de données gratuite Agribalyse dans OpenLCA (qui contient des produits alimentaires communs – vous pouvez aussi la consulter directement ici sur le site de l’ADEME sans être obligé·e de l’intégrer dans OpenLCA, mais vous n’aurez pas la totalité des flux entrants).
Enfin, vous découvrirez comment réaliser votre 1er ACV avec l’étude d’un produit spécifique de la base Agribalyse : la pizza fromage de chèvre et lardons.
Voyons maintenant ces 3 étapes en vidéo !
- Commencez par télécharger et installer OpenCLA ici, en suivant les indications de la vidéo suivante (vous pouvez appliquer les sous-titres en français en cliquant sur l’icône « rouage – paramètres », puis « Sous-titres », puis « Traduire automatiquement », et enfin choisissez le langage désiré) :
2. Télécharger ensuite la base de données Agribalyse dans sa dernière version (3.0.1 – à aujourd’hui) et suivez les instructions de la vidéo suivante pour l’installer dans OpenLCA (les instructions démarrent à 2m02s) :
3. Vous êtes maintenant prêt·e pour réaliser votre 1ère ACV. Suivez scrupuleusement les indications de la vidéo suivante de Philippe Loubet, qui vous indique comment réaliser l’inventaire des flux entrants/sortants du produit : pizza fromage de chèvre et lardons.
Pour aller plus loin, vous pouvez également vous entrainez avec son exercice sur la création de processus (ici, le pain).
N’hésitez pas à regarder d’autres processus dans la base de données Agribalyse, afin de vous familiariser avec le logiciel et développer ainsi des pistes de réflexions autour des critères d’impacts.
Maintenant que vous maitrisez ce logiciel ACV, notre article arrive pratiquement à son terme. En effet, vous disposez de toutes les méthodes vous permettant de comprendre ce qu’est l’ACV et comment le réaliser.
Nous vous invitons à visionner la vidéo de l’entreprise Valbiom qui reprend tout ce que nous venons de voir jusqu’ici. Pour cela, réaliser une recherche sur Youtube avec la phrase suivante : » Valbiom Initiation à l’Analyse de Cycle de Vie « . La vidéo devrait se trouver en tête de liste.
Terminons cet article avec un secteur d’activité ou l’ACV est de plus en plus présent : celui du bâtiment et de la construction !
ACV et le secteur du bâtiment
Il est intéressant de parler de l’application de l’ACV dans ce secteur car c’est le seul secteur (pour l’instant) où l’ACV est entré dans la réglementation. C’est-à-dire qu’utiliser l’ACV est devenu obligatoire pour les maitres d’ouvrage (les commanditaires publiques ou privés faisant construire des bâtiments), et ceci depuis janvier 2021, selon la Réglementation Environnementale 2020.
Cette réglementation nous indique que, lors de l’étape du permis de construire, le commanditaire doit réaliser une ACV du bâtiment avant sa construction selon le référentiel « Énergie Carbone » disponible ici. Vous trouverez même des informations concernant des logiciels d’ACV spécialement conçus pour une application dans le secteur du bâtiment (donc avec des bases de données s’y référant).
Ce référentiel a été créé par le gouvernement français et comporte 2 documents : la méthode pour réaliser une ACV selon ce référentiel, et les niveaux à atteindre pour être conforme.
Cette démarche étant maintenant obligatoire, nous pouvons anticiper une augmentation de la demande de missions, ou de poste, pour ce but.
Toutefois, vous remarquerez que dans le titre de ce référentiel, le mot carbone est présent. Il y a une raison.
En effet, le carbone est le seul ‘sortant’ pris en compte en terme d’impact dans ce référentiel. C’est-à-dire que les commanditaires ne sont pas soumis à analyser les autres sortants, et donc les autres impacts.
Or, si vous avez bien compris la démarche d’ACV, il s’agit bien d’évaluer le produit sur plusieurs impacts environnementaux, et non un seul. Ceci est une limite importante de ce référentiel, car non seulement on met de côté des impacts importants (risque de transfert d’impact), mais on permet également aux acteurs de cette filière de penser que seul le carbone est lié à la performance environnementale.
Pour aller plus loin dans l’application de l’ACV dans le domaine du bâtiment et les notions que nous venons de voir, voici le replay vidéo d’un webinar présenté par le Pôle énergie de Bourgogne-Franche-Comté :
ACV et évaluation environnementale – conclusion.
Cet article se termine ici. Prenez le temps d’acquérir les notions présentées pour développer une bonne connaissance de l’outil ACV.
En prenant du recul, vous devriez percevoir que l’ACV s’inscrit parfaitement dans les évaluations environnementales.
Par exemple, est-ce pertinent pour un gouvernement de subventionner la construction et l’utilisation de poêle à bois au regard de la qualité de l’air ou de la préservation des écosystèmes forestiers ?
Répondre à cette question demande de mettre en place des procédés complexes pour réaliser une évaluation complète, avec peut-être même plusieurs ACV à modéliser.
Ainsi, si vous désirez aller plus loin dans l’évaluation environnementale, l’ADEME a créé une méthodologie commune pour uniformiser les méthodes d’évaluation, et améliorer ainsi leur efficacité.
Vous trouverez cette méthode sur cette page de l’ADEME (il y a 2 documents à télécharger sur le volet de droite : l’empreinte projet et le guide d’aide).
Nous espérons qu’avec toutes ces méthodes, vous pourrez créer ou prendre en part à des évaluations environnementales complètes et basées sur des outils sérieux comme l’ACV, et ainsi agir en faveur de la préservation de l’environnement. À vous de jouer 🙂 !